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«NOUS SOMMES FORÊT » 

Isabel Pérez del Pulgar

L'imaginaire de la forêt a été incorporé et est devenu plus présent dans mes projets. Une conceptualisation de cet écosystème, qui dépasse l'analyse dans des contextes mythologiques ou culturels, est présentée en établissant une analogie entre la forêt et le corps humain, en termes de similitudes structurelles et organiques.

Un écosystème est un grand organisme où les espèces se comportent de la même manière que les cellules du corps humain. Le corps est composé de cellules de différents types qui coopèrent ou rivalisent pour les ressources. Il est colonisé par des bactéries dont l'activité est liée à celle d'autres processus de l'organisme. Il est également envahi par des virus qui peuvent être nocifs ou intervenir dans les processus de régulation de l'ADN. Pourtant, malgré ces processus continus de renouvellement, de transformation et de changement, l'écosystème et le corps restent les mêmes. Un phénomène spectaculaire se produit dans la nature.

Pour se protéger des différentes attaques et menaces qui pèsent sur l'écosystème, qu'elles soient d'origine environnementale ou liées à l'activité humaine, le mycélium, partie végétative des champignons, crée un énorme réseau de filaments interconnectés, reliant les forêts du monde aux nutriments du sol. Il forme un coussin spongieux et invisible qui décompose silencieusement la matière végétale et a le potentiel de guérir.

Sa structure est similaire à celle des cellules nerveuses ou cérébrales des organismes complexes. En ce sens, on pourrait parler d'une similitude de structure et de comportement entre les mycéliums, le cerveau humain et la façon dont l'internet est conçu. Le corps humain fait partie de la structure des écosystèmes et de leur complexité. Et tout comme l'énorme cerveau filamenteux qui régit les changements et les transformations de l'écosystème forestier, le cerveau humain, avec une structure similaire, régit et relie les organes et les émotions du corps.

La forêt est un corps et le corps est une forêt.

Cette installation est devenue une œuvre pluridisciplinaire, dans laquelle la performance vidéo, les assemblages et d'autres objets intervenus établissent un dialogue à l'instar du réseau de mycélium dans les bois. De même, j'ai repris l'idée des cabinets de curiosités.. Des pièces dédiées à la collection d'objets rares et fascinants, qu'il s'agisse de pièces d'artisanat, de livres de botanique, de pièces prélevées dans l'environnement naturel... dans lesquelles se mêlent le beau, le précieux, le rare et l'exotique.

Comme la simulation d'un théâtre total où tous les recoins de la connaissance sont passés au crible. Avec l'intention de créer un microcosme, un espace dédié à l'étude et à l'observation de tous les royaumes de l'univers. Ces cabinets sont à l'origine des musées spécialisés modernes. Il est à noter que dans la construction de ces collections privées, les idées de modernité, d'eurocentrisme et de colonialisme ne peuvent être exclues de leur développement. L'établissement de rapports de force entre les peuples et les empires s'imprime sur les objets collectés.

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